L’observation du comportement est une observation et un enregistrement systématiques des comportements. Elle s’effectue par rapport à certains critères qui dépendent du contexte. Les observations du comportement (de conduite) dans la circulation réelle comprennent par exemple des critères tels que l’accident, le quasi-accident, l’infraction au code de la route, l’erreur de conduite, l’adaptation au trafic, etc. Les points forts de cette méthode résident surtout dans la représentation des possibilités de compensation et leur mise en œuvre proche du comportement. Les points faibles de l’observation du comportement au volant résident surtout dans le manque de standardisation (conditions météorologiques, volume de trafic, occurrence d’événements critiques, etc…), la validité (fiabilité du résultat), la réalisation souvent peu économique et le potentiel de danger.
L’observation du comportement lors de l’exploration comprend par exemple des signes physiques de consommation de substances, un comportement du regard, une tension excessive, une résistance, etc. Il existe ici un risque d’effets classiques du chef de test, qui se caractérisent par certaines attentes de la personne chargée du diagnostic et qui peuvent conduire à des distorsions si la réflexion est insuffisante.
L’exploration en tant que méthode de diagnostic sert à examiner les traits de personnalité, les intérêts, les valeurs, les attitudes, les problèmes et les modes de pensée de la personne. En raison des exigences élevées en matière de compétences verbales de l’évaluateur et de l’évaluatrice, des différentes techniques d’interrogation ainsi que des phénomènes de transfert possibles, des facteurs perturbateurs (p. ex. des suggestions) peuvent apparaître lors de l’exploration, ce qui peut donner une coloration subjective aux données. Les déclarations concernant un comportement de consommation problématique, des changements stables, etc. sont en fin de compte saisies par l’entretien d’explicitation, mais devraient être étayées par les résultats des tests.
Les procédures de personnalité ne doivent pas et ne peuvent pas remplacer l’exploration. Elles sont cependant un instrument indispensable pour…
- obtenir d’autres informations pertinentes pour le processus d’évaluation
- de détecter d’éventuelles distorsions subjectives dans l’exploration
- de vérifier la cohérence ou la contradiction des données de l’exploration
- de donner des indications sur des thèmes d’exploration plus approfondis pertinents pour l’expertise.
La plupart des méthodes de test pour la saisie des dimensions de la personnalité en rapport avec la circulation routière sont des questionnaires classiques. Ceux-ci ont la réputation d’être facilement falsifiables.
Les questionnaires de personnalité modernes sont toutefois suffisamment développés sur le plan méthodologique pour que les tendances à la falsification puissent être soit réduites au minimum dès le départ, soit rendues visibles de manière alternative. Si des tendances à l’altération sont constatées, cela donne des indications précieuses au diagnostiqueur : Les questionnaires de personnalité permettent de saisir l’image qu’une personne a d’elle-même, sur la base des informations qu’elle donne d’elle-même. En cas d’apparition de tendances à la falsification, le psychologue évaluateur doit faire la distinction entre impression management et self deception. Alors que l’impression management vise la tendance à produire une image socialement souhaitable, l’auto-déception concerne une auto-évaluation déformée, mais subjectivement considérée comme correcte (Paulhus, 1991 ; Lindeman & Verkasalo, 1994). En simplifiant à l’extrême, ces aspects se traduiraient comme suit dans notre exemple avec Kevin : 1) Kevin sait qu’il aime rouler trop vite de temps en temps, mais il indique consciemment que l’excès de vitesse était un événement unique, car il sait qu’il s’agit d’un comportement indésirable et il ne veut pas donner une mauvaise image de lui-même (gestion des impressions). 2) Kevin n’est pas conscient, en raison d’une fonction de protection interne, que l’excès de vitesse dont il a fait preuve n’est pas un événement isolé et nie pour ces raisons d’autres délits de comportement non conforme à la norme (self-deception).
Ces informations peuvent s’avérer précieuses dans le processus d’expertise, d’une part pour l’évaluation des résultats du test, mais aussi pour la poursuite de l’exploration ou de la post-exploration.
Les psychologues peuvent ainsi, dans le cadre du processus d’expertise, parvenir à la meilleure conclusion possible sur l’expression et la pertinence des traits de personnalité pertinents pour la sécurité routière en intégrant les différentes sources d’information (exploration, observation du comportement, analyse des dossiers, résultats des tests) et en les combinant avec leurs connaissances d’experts sur le comportement humain. En raison des conséquences juridiques et personnelles massives de l’évaluation de l’aptitude à la conduite pour la clientèle, il est particulièrement important d’assurer au mieux l’évaluation par des méthodes de personnalité valables comme par exemple IVPE-R, KEKS ou VIP.